Trésors de la collection Al Thani présentant 120 œuvres d'art exceptionnelles

La première exposition temporaire intitulée "Trésors de la Collection Al Thani" mettra en lumière une riche diversité d'œuvres - environ 120 - de la collection et rassemblera des pièces exceptionnelles couvrant une longue période, de l'Antiquité au XIXe siècle. Elle célèbre la force unificatrice de l'art dans toutes les cultures et présentera au public de grandes œuvres de différentes civilisations, de véritables chefs-d'œuvre d'expression créative à travers les âges et les lieux.

L'exposition se déroulera dans quatre salles, dans les espaces où les tapisseries des collections royales étaient conservées du temps de la Garde-Meuble. Les espaces dédiés à l'exposition ont été conçus par le cabinet d'architectes parisien ATTA, sous la direction de Tsuyoshi Tane. L'ouverture des salles d'exposition de l'Hôtel de la Marine reflète le début de l'histoire du bâtiment, où ces galeries ont été créées pour présenter des trésors des collections royales françaises. Sous Louis XVI, elles étaient ouvertes au grand public un mardi par mois entre avril et novembre, faisant de la Garde-Meuble de la Couronne le premier musée à Paris.

La première galerie abritera sept chefs-d'œuvre illustrant la créativité humaine dans différentes civilisations et témoignant de l'étendue de la collection. Ces objets, provenant de quatre continents et couvrant une période de plus de 5 000 ans, partagent la sensibilité du travail de l'artiste, l'utilisation précise de matériaux soigneusement sélectionnés et leur rôle symbolique fort. La deuxième galerie présente 11 visages sculptés de différentes époques et lieux, mais unifiés par un thème commun : la représentation de l'image humaine, sous la forme d'expressions stylisées de dirigeants ou de portraits réalistes de personnages.

Les objets de cette section mettent en lumière une grande diversité de matériaux, mais aussi une grande diversité de représentations du visage à travers le temps et l'espace. Chacun montre des éléments essentiels de l'identité et des croyances spirituelles des cultures concernées, telles que des portraits simples, des images génériques et idéalisées ou des représentations de dieux ayant pris forme humaine. Parmi les chefs-d'œuvre figurent une tête d'homme en quartzite (ca. 2050 av. J.-C.) qui fait référence à des sculptures similaires de Gudea, souverain de la cité-état de Lagash ; une tête-reliquaire Fang-Betsi du Gabon (environ 1700-1850) et appartenant à Joseph Brummer (1883-1947), marchand d'art, collectionneur et promoteur de l'art africain qui a joué un rôle décisif dans la carrière artistique du Douanier Rousseau, Amadeo Modigliani et Constantin Brancusi ; et un buste en chalcédoine de l'empereur Hadrien, probablement taillé vers 1240 dans l'atelier de cour de l'empereur Frédéric II de Hohenstaufen, qui fut couronné souverain du Saint Empire romain germanique en 1220.

La tête a été remontée à la fin du XVIe siècle sur un torse en vermeil dont la richesse témoigne de la valeur attribuée à cette pièce. Une autre galerie est conçue comme un espace intime avec les matériaux précieux des œuvres d'art anciennes : objets en pierre finement ciselée, vases en or et en argent, bijoux et ornements. Les matériaux luxueux présentés ici révèlent ce qu'était un trésor ancien : une chambre d'un roi, d'un noble, d'un temple ou d'une communauté où les objets les plus précieux étaient gardés en sécurité. Les trésors étaient généralement accumulés par des victoires militaires et des mariages, mais aussi par la perception des impôts.

Un gobelet en or de Marlik, dans le nord-ouest de l'Iran (1100-900 av. J.-C.) est l'une des pièces maîtresses. Composé d'une seule feuille d'or, il est caractérisé par un bord évasé en haut et un bord arrondi à la base avec également quatre cerfs en profil pointant vers la droite. Un gobelet en agate du bassin méditerranéen, peut-être Alexandrie (100 av. J.-C.-100 après J.-C.), représentant Éros chevauchant un panthère et une coupe en argent et or de la dynastie des Sassanides (300-500 après J.-C.) pesant 1,011 kg et représentant une scène de chasse sont également visibles. Le roi Shapur II, reconnaissable à sa couronne officielle, y est représenté en action alors qu'il bande son arc pour tuer sa proie.

Sans oublier un bracelet grec (vers 300 av. J.-C.) qui forme un nœud d'Héraclès, dont les quatre brins se terminent en têtes de lions rugissants. Enfin, une galerie est conçue pour des expositions temporaires qui accueilleront initialement des œuvres d'art - manuscrits, ferronnerie, textiles, céramiques, objets en verre et bijoux - du monde entier musulman, du califat omeyyade à l'empire moghol. La sélection présentée témoigne de la richesse et de la diversité de cet héritage et rassemble des objets utilisés à la cour, à des fins récréatives comme dans un contexte religieux.

Le gobelet à vin de l'empereur Jahângîr, daté AH 1016 (1607-1608 après J.-C.), est l'une des pièces maîtresses. C'est le plus ancien vase en jade daté qui puisse être positivement associé à un empereur moghol. Nous pouvons aussi citer un folio du Coran Bleu, l'un des manuscrits les plus célèbres et remarquables du haut Moyen Âge. Son origine fait débat depuis plus d'un siècle. Selon les spécialistes, il aurait été écrit entre le VIIIe et le Xe siècle, à Bagdad pendant le califat abbasside, en Afrique du Nord sous le règne des Fatimides ou à Cordoue pendant le califat omeyyade.

Une robe en soie colorée, avec du coton et de la fourrure, fabriquée en Iran ou en Asie centrale autour de 1020-1160, un tableau du XVIIe siècle du célèbre artiste moghol Govardhan du fameux "album de Saint-Pétersbourg" avec une image du prince Murâd Baksh entouré de moines et de serviteurs ; et une magnifique coupelle en céramique d'Iznik (ca. 1585-1590) appartenant à Edouard Aynard, un mécène qui a contribué à l'élaboration de la collection d'art islamique au Musée des Beaux-Arts de Lyon, seront également visibles. Une visite dans les galeries de la Collection Al Thani est incluse dans l'itinéraire "Grand Tour" et peut être réservée en ligne via le site web de l'Hôtel de la Marine.