Rapport d'un premier visiteur à la Foire d'art de Knokke

Visiter une foire, non pas dans la cohue d'une foule avide d'art et de public en tenue de fête, mais comme un solitaire isolé, constitue une expérience particulière. Comme si l'on se trouvait sur une plage déserte, au milieu d'un océan de beauté. Mon ancien étudiant en connaissance de l'art, Alexander Tuteleers, commissaire de la Knokke Art Fair, m'a fait visiter. Son enthousiasme était contagieux. Cela m'a incité à regarder différemment. Il se tient comme un géant derrière son projet : développer cet événement annuel pour en faire l'une des meilleures foires d'art moderne, dirons-nous, établi, tout en prêtant attention au contemporain, aux jeunes artistes émergents qui pourraient potentiellement rejoindre un jour le canon de l'art moderne. Certains d'entre eux obtiennent grâce à sa sélection une chance de trouver un galeriste sur la plateforme « On Stage », un souci pour chaque jeune artiste.

Revenons au cours (Willem Elias, Art Moderne, Anvers, Luster, 2011). La différence entre l'art « moderne » et l'art « contemporain » n'a pas tant à voir avec la chronologie, où l'on pourrait fixer des dates de début et de fin. Il s'agit plutôt de la distinction entre l'art, dont personne ne doute qu'il joue un rôle important dans l'histoire de l'art comme expression de la modernité, d'une part, et d'autre part, l'aventure des jeunes artistes qui cherchent encore aujourd'hui à contribuer de manière inédite et qui doivent encore établir leur « label ». Peut-être la « Fontaine » de Duchamp est-elle encore contemporaine, ou même « L'Origine du monde » de Courbet?

Cependant, d'abord une réflexion sur notre époque. L'importance de l'art moderne, après 100 ans (Bauhaus 1919), est finalement prouvée. L'effondrement récent du marché des antiquités en est la preuve parfaite. Le meuble de vitrine du XVIIIe siècle, que ma mère, antiquaire, m'a offert dans les années quatre-vingt et qui valait 12 500 euros, un acquéreur est prêt aujourd'hui à emporter pour 300 euros. Le design moderne est la nouvelle valeur. L'hommage rendu à cette foire d'art aux grands du design symbolise ce tournant culturel.

L'art moderne explicite une façon de penser, une façon de vivre. Il ne s'agit pas seulement d'objets de collection que l'on aime voir ou avec lesquels on veut se vanter, comme le sociologue français, Bourdieu, l'a posé (La Distinction). Il s'agit de la prise de conscience de soi de l'homme moderne. « Collectionner » est plus que « rapporter » et « entasser ». L'étymologie nous aide ici. Le morceau « -lect- » dans ce mot renvoie au mot latin pour lire. Mais ce verbe a aussi une signification plus ancienne, celle d'être capable de voir la différence, de faire la distinction, de choisir. Et cela nécessite de l'intelligence : intel-lect.

Un autre atout de la Art Fair est donc la présence de plusieurs œuvres d'art qui sont des joyaux de la collection de grands collectionneurs. Et la Flandre a des collectionneurs. Aujourd'hui, les musées privés émergeants sont plus importants et plus passionnants à visiter que les musées publics avec des fonctionnaires ou des prétentieux à leur tête. Parlons du gouvernement ! On ne croit pas ce qu'on lit dans l'annonce en entrant dans la majestueuse salle de casino entre des photos et une vidéo des lièvres de Flanagan. Depuis des années, « Sculpture Link » assure une exposition en plein air auto-financée par le sponsoring de sculptures à travers Knokke.

Cette année, c'était une rétrospective de Flanagan. Les sculptures n'ont certainement pas été arrachées! "Heb je me nou!" diraient les Néerlandais. Ce manque dû à la censure des sculptures sur le parcours, qui devait être le prélude à la Art Fair, a été symboliquement remplacé à l'entrée par une œuvre moderne de Bernar Venet avec ses cercles métalliques et un « jeune prometteur », comme on disait autrefois, David DeBusseré. Les deux ligne de craie sont immédiatement tracées. Nous n'allons pas citer de noms ici, pour cela il y a le petit catalogue. Mais tout de même, dès le premier coup d'œil : Andy Warhol, Damien Hirst, Banksy, ... Ce n'est pas rien.

"Ça vaut le détour", comme on dit chez nous à Bruxelles. Y a-t-il quelque chose qui a déçu ? Bien sûr que oui. C'est le cas dans les foires. Il y a toujours une attitude « pour chacun son goût ». J'ai la même chose avec Art Brussels. Quoi qu'il en soit, plutôt que de souhaiter une expansion encore plus grande à la Knokke Art Fair, je ne veux pas en faire plus ici. Knokke a besoin de quelque chose comme ça.

* Photos à titre indicatif, voir conditions générales.
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